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Le blog de lumpini

L'enfer de Ban-Wat-Jan.

22 Mai 2009, 17:49pm

Publié par lumpini

L'excitation est à son maximum, l'étape du jour sera une grosse journée de souffrances et de doutes.

Donc, en regardant la carte ci-dessous vous voyez Ban Wat Chan entouré d'un cercle bleu ! La piste n'est même pas répertoriée sur cette carte touristique. Je l'ai donc rajouté en un trait rouge ! Ravitaillement à Ban Huai Pu Ling, le village le plus paumé de la Thaïlande. 

                 P7312646


                 

Les premiers kilomètres ne sont pas difficile, c'est le prélude avant l'enfer.

               
Il fait bien chaud de si bonne heure. je sens que je vais perdre beaucoup de sel dans les montées. J'espère que je pourrais me ravitailler en route.

Au secours !  Dans quel galère je me suis encore mis. 


Quelques kilomètres plus loin, la piste légèrement humide traverse un village encore endormie.
 
              
Après ce petit village, la piste deviens beaucoup plus raide, tellement que c'est pentu que j'ai l'impression que mon vélo vas faire un wheeling. Comme je n'ai pas très envie de colorier mon joli maillot blanc en rouge terrîtes, je reste assis sur la selle, j'évite de mettre un braquet trop souple afin d'éviter de perdre le contrôle de Gary-Fisher.
Rouler sur ce genre de piste est tous un art, les pluies diluviennes de la mousson ont creusées de profondes ornière dans les montées. Je dois viser au plus juste les petite arêtes large d'une vingtaines de centimètres, pour cela je dois monter légèrement en force sans me mettre en danseuse sous peine de perdre le contrôle de l'ami Gary-Fisher.

Une fois la première horreur franchis ou j'étais à deux doigts de poser pied par terre, la route descends légèrement le long d'un coteau bordé d'une magnifique petite rizière toute verte coincée entre deux bosses.

             
Il ne faut trop rêver, la piste ne sera pas facile jusqu'a Mae-Hong-Son. Et l'enfer continue, je dois encore grimper un col. C'est tellement raide que je dois descendre du VTT et tirer le tous dans la pente. Je transpire énormément.

Comme par miracle la piste deviens plate et roulante. J'en profite pour rouler vite afin de gagner du temps, je n'ai pas très envie de finir ce trajet à la frontale. En Thaïlande il fait nuit à 18 heures. Pas le temps de trainer en route.
   
Il n'y a que des bosses ! le pays des bosses ! bienvenue en Chartreuse Thaïlandaise.

               
La piste est roulante, je dois viser au mieux la petite bande de terre située à gauche de la route.

                
La piste est en excellente condition: peu de gadoue, peu de pierres, ni trop sèche.

               
Gary-Fisher au milieu de nulle-part.

                
Le tracé est vraiment esthétique. Cette piste, c'est du caviar pour les cyclo-baroudeurs qui veulent sortir des sentiers battues. Pour l'instant je n'ai pas croisé un quatre-quatre depuis le départ de Ban-Wat-Jan.

               
Sur ce parcours, il n'y a pas un kilomètre de plat. La piste suis une succession d'arête, les descentes sont vertigineuse, je manque de rater la marche à plusieurs reprises. De temps en temps je n'hésite pas à descendre de vélo.
         
         

Pensant que les difficultées étaient terminée, je vois avec horreur ce qui m'attend en face !!! un véritable mur, cette montée est comparable en terme de pourcentage à la Bastille de Grenoble. Sauf qu'ici, c'est de la piste.

               
Ces montagnes sont habitées par des tribus ethniques qui cultivent à flanc de montagne. En arrivant à une intersection sans panneaux, je m'arrête ! Bon dieu ! c'est à gauche ou tous droit ???
A vrai dire, je n'en sait rien, j'emprunte la route en ciment sur ma gauche. La route descend tranquillement le long d'un vallon étroit comparable à la descente d'Uriage sur Gières dans l'isére.
Une bonne demi-heure plus tard, j'arrive dans un village et je demande mon chemin pour Mae-Hong-Son. Une femme me répond que je me suis trompé de route, il faut que je remonte le vallon encaissé et tourner à gauche. Bien, première bourde de la journée. Je regarde ma montre, pas de quoi s'affoler, la perte de temps est rattrapable.
J'ai très faim, je demande à la femme qui porte une tenu militaire ou je pourrais manger un morceau. Cette dernière m'emmène à l'épicerie du village et une vieille dame me fait réchauffer du riz, ouvre une boite de conserve de viande et met le contenu dans une poêle. Quelques minutes plus tard, elle me tend une généreuse assiette bien garnie. je savoure comme c'est pas permis, je recharge les batteries.
Une vingtaine de minutes plus tard, je dis adieu à la vieille dame sans oublier de payer mon repas et je remonte le vallon encaissé. Une fois retourné à l'intersection je tourne à gauche et je poursuis ma route.

            

En descendant un toboggan de terrîtes, j'entends un bruit pas normal. Je descend du VTT et le constat est sans appel, je suis devant l'impensable, mon porte-bagage à cassé net a cause des nombreuses secousses. Je deviens vert, comment fait-je faire pour aller à Mae-Hong-Son.
Pendant que je reste figé comme une potiche au-dessus de la cheminée, un bruit de moteur se fait entendre, le bruit viens du haut de la piste. Ce sont des montagnard qui reviennent de la chasse avec deux fusils.
Les quatre Mhong s'arrêtent devant moi, leurs regard n'est pas hostile du tous, ils pourraient très bien me dévaliser et me massacrer ! Mais cette mauvaise pensée ne me traverse pas l'esprit.

nouveau copains des montagnes se creusent la tête pour trouver une solution à mon désarroi. Je confie mon porte-bagage amoché à un des Je suis dans un drôle de pétrin, bon, je n'ai pas chuté, cela aurait pu être bien pire. Mes quatre-quatre gars, il ne rechigne pas, il est heureux de me rendre service ! Leurs attitudes positive me réconfortent beaucoup ! Puis je met mon sac sur mon dos et je continue de descendre cette piste que j'aime de moins en moins. Deux cent mètres plus bas, je n'en peut plus, mes trapèzes me font mal.
Bon, bien, c'est super, dans quelques heures il vas faire nuit et je n'ai pas très envie de dormir dans les montagnes.
Puis une idée me traverse l'esprit, c'est très risqué, mais bon, je n'ai pas le choix ! Attendre qu'une voiture tous terrain passe et m'emmène à Mae-Hong-Son est un doux rêve ! Cela fait plus de 8 heures que je roule, pousse le vélo comme un forçat et aucun engin à quatre roues est passé sur cette piste !!!!!
Mes quatre nouveaux copains des bois commencent à patienter, cela se voit qu'ils veulent me tirer  d'affaires, de ce mauvais pas !
J'enlève mon sac à dos et je le tend à un montagnard, je lui demande en Thaï si il est d'accord de porter mon sac de 15 kilos. Il accepte sans rechigner, au contraire, il est tous content de pouvoir m'aider.
La perspective de racheter de nouveaux vêtement à MHS me torture l'esprit, les montagnards peuvent se tirer avec mes affaires. Comme ils ne peuvent pas rouler aussi doucement que moi, ils partent en premiers et à mon grand étonnement, ils m'attendent au sommet des bosses. C'est une preuve indiscutable qu'ils sont honnêtes ! Le moral remonte comme le mercure dans un thermomètre.
Finalement, c'est agréable d'avoir une mobylette assistance, à croire que je l'ai fait exprès ! Mais bon, j'aurais mille fois préféré que mon porte-bagage ne lâche pas !
Une bonne heure plus tard, mes acolytes en ont marre de rouler doucement, je leur fait perdre leur temps, c'est très compréhensif, ils me disent qu'ils vont directement porter mon sac à Mae-Hong-Son et prévenir les secours. J'accepte sans hésiter, je n'ai pas du tous envie de monopoliser leur temps.
Je suis tous seul au milieu des montagnes à plus de milles mètres d'altitude, si j'ai un autre pépin mécanique je devrai surement passer la nuit dans les montagnes, il peut geler en cette saison, hors de question de bivouaquer en tenue de vélo par O°C, de quoi se réveiller au paradis !
Hors de question de rêver au gros pick-up à grosse roues comme dans les films américain à la sauce Scharwarzie et compagnie. Je dois continuer coûte que coûte, atteindre Mae-Hong-Son est ma porte de sortie. Mon esprit est anesthésié par la peur et l'endorphine. Dans les descentes, je prend des risques que je ne prend pas lorsque je vais me balader sur les nombreuses pistes forestières au-dessus du Sappey en Chartreuse. Je chute à plusieurs reprises, je dois être sur mon vélo le plus souvent possible, descendre du vélo et le pousser est une grosse perte de temps.
Il est déjà tard, la nuit vas bientôt me rattraper et par dessus le marché, j'ai perdu ma frontale Petzl à leds. Comme quoi, je dois me grouiller et aucun secours n'est encore venu et mon sac qui est parti, je fait une méga salade d'angoisse dans ma cervelle.
La piste est raide, sacrément raide, je pousse le vélo comme un damné, les dieux du vélo m'ont abandonné !
D'un coup, j'explose, je stop net ! mes pensées sont vides, je fixe la piste. J'en ai plus que marre, je suis au bout du rouleau ! je craque complètement et j'attends.....rien !
Un bruit de moteur se fait entendre, ce bruit de pistons n'est pas celui d'une motocyclette, mais d'une voiture !!!!!!! D'un coup, je revis, je me relève et j'attends que le bruit soit plus net, ce n'est pas une hallucination, un pick-up pointe son pare-choc. Manque de bol, catastrophe, il arrive du mauvais côté, j'ai envie de chialer comme un veau qui vient juste de naître.
5 minutes plus tard, j'entend à nouveau un bruit mécanique, cette fois-çi, j'ai vraiment du bol, deux monstrueux pick-up Toyota roulent doucement vers moi.
Les deux énormes engins s'arrêtent à ma hauteur, la vitre du conducteur baisse, je ressens une légère brise fraîche qui sors de l'habitacle du véhicule. Un Thaïlandais avec un large sourire me demande ce qu'il m'arrive. Je lui explique tous ! Très gentiment, il descend de son engin et met mon Gary-Fisher dans grand coffre à l'arrière du véhicule. Il me fait asseoir à l'avant tandis que sa femme et sa fille hallucinée de me voir tous seul sur cette piste du bout du monde se mettent à l'arrière.
Le Toyota grimpe deux kilomètres de piste et débouche à un col, j'enrage intérieurement d'avoir abandonné à deux petits kilomètres du sommet, mais bon, les nerfs ont lâchés, c'est comme ça !
La piste descend sur Mae-Hong-Son, j'ai envie de me cogner la tête contre le pare-brise car j'avais fait le plus dur, je me prive d'une belle descente. Par ailleurs je me sens en sécurité d'avoir été cueillit par ces sympathiques Thaï en vacances.

Magnifique vue sur Mae-Hong-Son.

La piste d'atterissage de l'aéroport de poche de Mae-Hong-Son est visible sur la photo. Ma Suunto indique une altitude de 1400 métres, sachant que MHS est à 200 métres !

En descendant cette magnifique piste au panorama extraordinaire, nous sommes interpellés par des rafales de klaxons. Le Thaïlandais arrête son gros engin et nous descendons voir ce qu'il se passe. C'est un des montagnards qui m'apportent mon sac à dos et mon parte-bagage brisé, je n'en crois pas mes yeux. Je suis en pleins rêve après un long moment d'errance en enfer.
Je veux récompenser le montagnard, ce dernier refuse catégoriquement les billets que je lui tend, comme quoi, au fin fond des montagnes, les gens n'ont pas l'esprit pourris par l'argent.
Je remercie mille fois mon ami Mhong qui m'a drôlement bien aidé en m'enlevant une sacrée épine des pieds.
Nous continuons les quelques kilomètres avant Mae-Hong-Son.

Même dans la descente, la DDE trouve le moyen de mettre un mur goudronné en plus !!!!


A 17 heures, nous arrivons à Mae-Hong-Son, très gentiment le Thaï me pose à ma guest-house. Je le remercie un million de fois ! Malgré tous, si je ne m'étais pas trompé de chemin en perdant deux heures à mi parcours, j'aurais certainement put terminé ce parcours. Pas bien grave car j'ai fait le plus difficile et j'ai vécu une expérience inoubliable avec des gens formidables.

Une fois installé dans ma modeste chambre à deux euros la nuit, j'ouvre mon sac pour prendre des affaires de rechanges, j'ai la bonne surprise de retrouver toutes mes affaires à leur place. mes amis les montagnards n'ont même pas ouvert mon sac !

 

Profil de ce parcours extraordinaire:

     l'enfer du nordJ'aurai parcourus 3000 mètres de dénivelé, d'après ma montre altimètre.

Cliquez ici pour voir le trajet en detail.

 

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